Dialogue

"-Mais laissons tomber tes étranges pensées et continuons."
-Recommençons ?
-Non. Continuons. Le début était un peu foireux. La suite semble plus prometteuse."

Je soupire, fronce les sourcils.

"-J'ai peur.
-Moi aussi, j'ai peur.
-Tu as peur ?
-Oui. Mais ce n'est pas une peur que tu éprouves face à un danger. C'est plus une peur... Hm." il commence à marcher, à lever les yeux au ciel pour trouver ses mots. "Comme devant un manège."
-Hein ? De quoi tu parles ?
-Tu sais bien. Tu es devant le truc. Tu entends les gens hurler, ça te fout encore plus les pétoches. Mais au final, t'as envie d'y aller quand même.
-C'est normal. C'est marrant les manèges. Après on marche plus très droit."

Je lui souris et commence à marcher en zigzaguant. Lui rit, et me regarde.

"-Qu'est-ce que j'vais faire de toi, sérieux ?...
-Fait pas genre t'es plus adulte que moi.
-Je déconnais.
-Mais moi aussi, je déconnais."

Il pose sa tête dans le creux de sa main, son bras semblant ne s'appuyer que sur l'absence de paroles qui régnait à présent.
"- ... Tu parles pas ?
-T'as peur du vide ?
-Je n'aime pas le vide.
-T'as toujours eu peur de beaucoup de choses. Mais c'est la première fois que t'as peur de l'avenir.
-Mais tu sais bien que ce n'est pas ça. J'ai fait de mon mieux. J'ai fait ce qu'on m'a demandé. J'ai souvent été joyeuse. J'ai fait mon possible pour aider les autres, pour leur apporter autant qu'ils m'apportent. J'ai toujours été optimiste, à dire que ça s'arrangerait un jour si on y mettait tous du sien."

Je commence à jouer avec la balle qui se trouve à mes pieds. Gauche, droite, la balle ne suit pas bien mes pensées et part derrière moi.

"-Fais moi une passe."

Je tire maladroitement sur le ballon, qu'il arrête avec aisance. Il commence à jongler avec le ballon avec une facilité déconcertante et rageante.

"-Ne mets pas ça sur le dos de la malchance. C'est toi qui a décidé de faire comme ça. d'ailleurs, ça t'a fait plaisir de faire partie de la vie des autres."

Il tire dans la balle qui s'arrête pile entre mes pieds. Je recommence à jouer avec elle, et je commence à imiter ses mouvements, pour arriver à maitriser cette foutue balle.

"-T'as juste besoin de quelqu'un pour te montrer quoi faire de temps en temps, quand tu n'y arrives pas. Tu as le droit d'être désesperée parfois. Mais c'est pas comme si t'étais la plus malheureuse du monde, tu réalises la chance que t'as ?"

Il se rapproche de moi, donne un coup de pied dans la sphère qu'il envoie valdinguer à plusieurs mètres.
Sans me laisser le temps d'élever la voix pour exprimer mon mécontentement, il coince ma tête entre ses mains.

"-Les mots te manquent. Tu voudrais être forte, là, d'un coup. Mais c'est en progressant qu'on y arrive.
Tout ira bien. Tu voudrais juste qu'on t'encourage dans tes propres choix, et que personne n'essaye de t'influencer, qu'on t'aide.
Que quelqu'un tienne ta main.
Et finalement... "

Je n'arrive pas à répondre.

"-Tu voudrais juste qu'on t'accepte."